Crédit : Commission européenne
L'Association Cap Consommateurs Habitants a dévoilé le 6 octobre les résultats d'une étude exclusive autour des économies d'énergie menée auprès de 400 propriétaires de leur logement. Cette enquête montre que la majorité des sondés ne sont pas encore prêts à investir pour faire des économies d'énergie dans leur logement.
Le besoin d'un habitat plus économe et plus écologique n'est pas encore ressenti
Selon l'enquête(1) de l'association Cap Consommateurs Habitants(2), sur l'ensemble de l'échantillon interrogé, seuls 22 % des sondés envisagent de réaliser des travaux dans les 3 ans pour améliorer leur logement. Et parmi eux, une très faible part (19 %), projette de réaliser des travaux ayant un impact sur les économies d'énergie. Ce qui signifie que seulement 4 % des interrogés devraient réaliser des travaux visant à économiser l'énergie d'ici à 3 ans.
Cap Consommateurs Habitants voit dans ce manque d'intérêt des propriétaires le fait que 62 % des personnes interrogées n'ont pas prêté attention aux consommations d'eau et d'énergie lorsqu'ils ont acheté ou fait construire leur logement et cette tendance ne semble pas franchement s'inverser puisque sur 15 personnes ayant récemment acquis un bien immobilier, seule 1 personne était en mesure de citer le classement énergétique du bien !
Ce classement est renseigné par le diagnostique performance énergétique (DPE), obligatoire depuis le 1er novembre 2006 pour toute vente et depuis le 1er juillet 2007 pour toute location. L'impact négligeable de cette mesure s'explique notamment par le prix très élevé de l'immobilier qui balaye presque tous les autres critères de choix. De plus, force est de constater que le DPE n'est pas toujours réalisé de manière professionnelle ni pour un coût raisonnable...
Ces mauvais résultats sont à mettre en perspective avec les 37 % de consommateurs qui estiment que réaliser des travaux d'économie d'énergie, c'est faire une dépense inutile tant qu'on n'a pas de problème de confort, selon l'enquête de de l'association Cap Consommateurs Habitants.
De plus, lorsqu'il est demandé aux propriétaires qui ont effectué des travaux au cours des 5 dernières années "à quelles fins les travaux ont-ils été réalisés ?", seuls 6 % répondent « pour économiser l'énergie ».
Pourtant, dans leur ensemble, les consommateurs sont unanimes (95%) pour déclarer que le prix de l'énergie va augmenter ces prochaines années. 76 % d'entre eux pensent même que ce sont les logements les moins énergivores qui vaudront plus chers dans le futur. Pourtant, seulement 14 % des personnes interrogées citent l'augmentation du prix de l'énergie comme un élément susceptible de les inciter à réaliser des travaux d'économie d'énergie.
Un désintérêt qui va de pair avec l'opinion très favorable que les personnes interrogées ont de leur propre habitat. Selon l'étude, 83 % de l'échantillon considère que son logement actuel est bien isolé et 97% qu'il est confortable.
La prise de conscience écologique ne se traduit pas en acte
Si 85 % des personnes interrogées pensent que les travaux d'économies d'énergie sont une priorité pour protéger l'environnement et 59 % admettent que ces travaux permettent de se valoriser car l'on protège l'environnement ; il n'en demeure pas moins que 61 % des propriétaires pensent qu'il existe d'autres moyens plus faciles pour protéger l'environnement. Ils citent à cet effet le transport, la gestion des déchets, la préoccupation autour du gaspillage, etc. A ce titre, 51 % des propriétaires estiment que réaliser de tels travaux est interprété comme une manière de se donner bonne conscience !
Seulement 10% de ceux qui envisagent des travaux citent la protection de l'environnement comme critère de choix.
Des doutes exprimés quant au retour sur investissement
Toujours selon l'enquête de l'association Cap Consommateurs Habitants, 61 % des propriétaires interrogés pensent que les travaux liés aux économies d'énergie constituent un investissement difficile à rentabiliser. Les consommateurs sont pourtant bien conscients des dépenses énergétiques de leur habitat : 79 % affirment connaître leurs coûts de chauffage, 84 % leur consommation d'eau et 89 % leurs dépenses d'électricité.
Le montant de l'investissement est beaucoup plus important que la durée d'amortissement des travaux pour les consommateurs et ils considèrent à 74% qu'un retour sur investissement de 5 ans ou moins est acceptable.
Il n'est donc pas étonnant, dès lors, que la proposition : "n'avoir pas beaucoup à débourser" soit jugée incitative par 49 % des propriétaires interrogés, alors que, spontanément, 10 % seulement citent les subventions ou les crédits d'impôt comme des mesures incitatives.
Un autre indicateur met en avant le manque d'intérêt des consommateurs pour les mesures incitatives : près de 40 % des interviewés sont incapables de citer un élément qui pourrait les inciter à mieux isoler leur logement. Et lorsque des mesures telles que le crédit d'impôt, le prêt à taux zéro, leur sont suggérées, 25 % doutent encore de l'impact de toute mesure d'incitation sur leur acte d'achat !
Finalement, Cap Consommateurs Habitants souligne que "cette étude, tout en mettant en évidence des points positifs, alerte notamment sur le fait que les consommateurs ne ressentent pas suffisamment le besoin de réaliser des travaux d'économies d'énergie. Les limites de la « communication verte », axée essentiellement sur ces économies, sont manifestes."
Cette nouvelle enquête confirme une nouvelle fois le peu d'engouement des consommateurs pour les dépenses en matière d'environnement. Tant que le prix de l'énergie n'aura pas atteint des niveaux franchement pénalisants pour le pouvoir d'achat et que les aides publiques resteront si timides, il y a peu de raison pour que cette situation s'améliore...